jeudi 25 août 2011

Lundi 22 Août


Le lundi 22, des ambulanciers sont venus me chercher à St Anne pour me transférer à Pomponiana. J'avais dormi plus ou moins 4 heures la veille, car je trépignais d'impatience en vu du départ.
J'ai passé tout le trajet à faire des photos sur la route. Je m'émerveillais de voir toute cette activité autour de moi. Enfin celle que j'apercevais à peine, grâce aux photos de mon iphone.

Certains chanceux ont même eu l'honneur de suivre mon voyage en direct, grâce à de nombreuses photos que j'ai envoyé sur toute la durée du transport.
Papa et Maman m'ont suivi de près. Ils ont voulu s'assurer que mon arrivée soit parfaite.

Papa est arrivé les bras chargés de mes lourdes valises. Grand déménagement en perspective, c'est que le milieu hospitalier est devenu ma maison, pour quelques long mois. Ordinateur, magasines, livres, DVD, vêtements, serviettes de toilette, compléments alimentaires, ..., sont les éléments indispensables dont se composent mes bagages.

Il faisait chaud ce jour ci, ou peut-être n'avais-je plus l'habitude de la chaleur estivale.
Cloisonnée depuis le 6 Juillet dans une chambre sans vue et sans âme, je m'étais déshabituée à la vie dehors.
J'ai gardé les yeux fermés pendant quelques secondes, et pourtant ils étaient désireux de tout voir. Mais la lumière du soleil que je n'avais pas vu depuis si longtemps me punissait de ma trop longue absence. C'est donc les yeux entrouverts, que l'on m'a dirigée vers le bâtiment Lejeune, lieu ou se trouve ma chambre au n°505.

J'ai du vite prendre mes marques et trouver mes repères dans cette chambre que je partage.
Ne pouvant pas utiliser mes jambes, tout doit être accessible, et à porté de main.
Je scrutais méticuleusement maman qui rangeait mes affaires. Les T-Shirts sont dans ce tiroir, les shorts dans celui du dessous. Mince je n'accède pas au dernier, je vais devoir être prévoyante, et m'organiser avec les infirmières pour la toilette du matin. De toute les manières, je ne peux pas m'habiller seule, une situation qui est très infantilisante et dégradante.

Soudain, j'ai senti une odeur familiaire. La pelouse venait d'être tondue, et cette odeur de verdure que je connais si bien m'a rempli les poumons. Je souriais déjà, mais à cet instant j'ai montré toutes mes dents.
"Papa, tu sens toi aussi cette odeur de gazon?", il m'a fait signe de regarder vers le balcon.
Il y a un parc sous mes fenêtres, des palmiers, et des espaces verts. J'aperçois aussi un bout de mer. Simplement magique.

En milieu d'après midi, les gentilles Aides soignantes m'ont emmené prendre une douche.
Oui une DOUCHE! (NB: 48 jours sans douche, uniquement un nettoyage quotidien au gant de toilette)

Elles m'ont transférées dans un lit gonflable, étanche. Puis nous sommes allées dans une salle de douche spéciale. J'ai dû une nouvelle fois laisser de coté ma pudeur. Nue comme un vers, allongée de tout mon long, je me suis remise à ces petites mains méthodiques.
Une me lavait les jambes, puis les pieds. L'autre me faisait un shampoing. Et moi je restais stoïque, tenant le pommeau de douche tout contre moi. J'étais aux anges.

Lorsque vous rentrerai dans votre douche demain matin, pensez à moi. Dites vous que la sensation de l'eau qui coule contre votre corps est une des choses les plus appréciable de la routine quotidienne. Profitez pour moi, de ces moments qui sont si précieux.

J'ai ensuite mieux fait connaissance avec ma colocataire Annie. La cinquantaine, rescapée d'un accident de voiture sur autoroute. Elle s'était endormie au volant, avec ses deux jeunes garçons (16 et 14 ans) dans la voiture; Ils ont fait des tonneaux. Selon ses dires, sa voiture est désormais en forme de cube. Tous sont vivants heureusement. Une vertèbre abimée pour l'un, une clavicule et des dents cassées pour l'autre, et pour elle, une épaule en miette et une fracture de la jambe.

J'ai parfois l'impression qu'elle n'a pas encore réalisé ce qu'il lui arrive. Mais c'est encore tout frais (1 semaine), elle extériorisera certainement plus tard. Il ne suffit pas d'être bavarde (comme elle sait déjà l'être) pour croire que l'on extériorise.

Je pense sincèrement que tant que l'on ne s'est pas soi-même écouté, et intéressé aux questions qui dérangent, on s'enferme dans un engrenage où la souffrance s'amplifie chaque jour, de manière exponentielle. Je ne suis pas encore capable d'imaginer les dommages collatéraux de ce mal être qui peut nous dévorer de l'intérieur à long terme.

Il est nécessaire de s'autoriser à avoir mal, pour que celui-ci devienne concret. Et qu'il puisse enfin être maitrisable de par son existence. Faites moi confiance, tenter d'oublier est une bonne solution de court terme. Mais ce n'est pas la panacée.

"Connais toi toi même" (Socrate), est le but vers lequel nous devons tendre. La connaissance la plus essentielle conditionnant toute autre forme de connaissance. (Private pour Cerise)

Cet accident m'a réduite en morceaux, et pourtant je n'ai jamais été plus en phase avec moi même que ces derniers jours. Tout est clair. Je n'ai plus mal (Ce qui n'enlève en rien les doutes et la douleur physique).

Désormais je dois me concentrer sur un autre mal. Beaucoup trop concret de toute évidence.
Allez petites jambes que je ne maitrise plus, on va y arriver! Car avoir mal veut dire être vivant; mais aussi que le corps est en souffrance.
Je vais le guider, car je sais qu'il a la force de le faire et moi la volonté.

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2 commentaires:

  1. J'ai remarqué toutes ces citations ou proverbes que l'on te laisse...
    J'aime celui ci: "Quoi de plus seul qu'un héros?" de Boris Vian, il a écrit aussi, juste pour rigoler un coup "elle sentait distinctement et décidément le savon. Au diable. Autant coucher avec une machine à laver." ;)
    Bonne journée jolie blonde et à très vite de te lire.
    Karol

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  2. courage un amie du percevent.

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