Vendredi 16 Septembre "Fin de semaine bien méritée"

Ce matin j'ai pris mon envole toute seule. J'ai fait le transfert de mon lit à mon fauteuil seule, et je suis descendue en kiné incognito. Ça peut paraître rien, mais c'est juste magique d'être un petit peu indépendante..

Pendant ma verticalisation à 50°, Jessica (dit VP) et Bertrand ont bien profité de mon immobilité pour immortaliser le moment. Un sur chaque jambe, avec chacun un stylo à la main, ils se sont amusé à me gribouiller dessus. C'est que le kiné est joueur.

Jessica et Joana ont préféré me laisser à 50° d'inclinaison comme hier pour ne pas précipiter les choses. Il ne faudrait pas non plus aller trop vite, car la rééducation se fait lentement. Si l'on essaye d'accélérer les évolutions, on le paye au centuple le lendemain. Donc la version piano piano des filles me va aussi très bien.

A midi, j'ai eu l'occasion de manger en salle avec tout le monde. L'ambiance était sympa, et la nourriture identique a d'habitude. J'avais dis aux Aides soignantes que j'essayerai de venir au moins le midi pour les soulager un peu du service en chambre.

Je peux y rester maximum vingt minutes car après, mon bassin est douloureux. Le fauteuil c'est bien, mais pas trop longtemps non plus.

A cette occasion, le dossier de ma chaise roulante a été relevé a 80°, ce qui veut dire que je me tiens quasiment assise, pour pouvoir manger plus facilement à table.

Me sentant bien dans cette position, j'ai gardé l'inclinaison définitivement. Le prochain changement sera  pour l'assise totale.

En balnéo, Audrey a vite senti que mon genou faisait un peu de résistance, et comme nous sommes vendredi et qu'il a bien travaillé toute la semaine, elle n'a pas trop insisté sur mes douloureuses flexions.

Ensuite j'ai profité de la piscine pour marcher librement, et pour embêter aussi un peu quelques papis et mamies qui barbotaient tranquillement. Grâce à Audrey et moi, la moyenne d'âge des baigneurs devait être de seulement 50 ans.

Puis, je suis remontée dans ma chambre de manière autonome, je me suis hissée dans mon lit et entièrement changée pour aller en remise en forme. J'ai ensuite ressauté dans mon fauteuil pour aller pendre mon peignoir dans la salle de bain ainsi que pour rincer mon maillot. 

Une fois tous ces premiers exploits accomplis avec brio et le sourire jusqu'aux oreilles, j'ai attendu Max pour qu'il m'aide à monter la grande pente en fauteuil. Avec sa permission et me suivant de près, j'ai essayé de rouler les quelques 40 mètres de montée seule. 

Même si je me suis arrêtée d'épuisement avant les 10 derniers mètres, je suis contente d'avoir au moins tenté le parcours.

Quand je suis arrivée il y avait les deux Alexandre et Anne Sophie. Pour ne pas changer mes petites habitudes je suis aller chercher seule (pour une fois) mes petits poids rose pour travailler les biceps. Puis j'ai ensuite alterné avec un vert de 3kg pour les triceps.

Aurélien qui avait fini sa journée s'est arrêté quelques minutes avec nous. Il devait certainement attendre Alexandre qui mangeait des bonbons (ok moi aussi...) tout en s'entrainant avec sa patte gauche toute abimée en l'air, pour ne pas trop souffrir. 

Petite pensée pour lui qui a mal toutes les nuits et qui cherche une solution en essayant d'attacher son pied au palonnier (que nous avons tous au dessus de nos lits), pour pouvoir soulager sa douleur. Car comme il le dit si bien, mettre la jambe en l'air "c'est le pied", et sans jeu de mot.

Merci à Aurélien qui a bien voulu prendre une photo de moi en train de m'exercer avec mes poids rose fluo.

Sauf que moi j'étais plutôt à droite en fait, mais je lui pardonne cet écart. Je comprends bien que la ressemblance ait pu être frappante.

Jean Phi est arrivé en début de soirée, il a même pu se libérer pour assister au souper du roi. Il s'est une nouvelle fois bien amusé avec la pince attrape tout, et a essayé de me faire un beau chapeau avec la cloche du plateau repas. Après réflexion, une auréole serait plus exacte.

Il a découvert que j'avais un hibiscus dans mon petit jardinet, tout content il s'approche de la seule fleur que je voyais de mon lit et... Non Jean Phi!!! Ne la coupe pas!!! Trop tard...

Je sais pas pourquoi les hommes ont cette manie de vouloir tout couper. Je repense à ce pauvre amandier ou encore ce joli figuier que je n'avais pas réussi à sauver. Seul le valeureux Palmier a survécu à la méchante tronçonneuse (grâce à de nombreux arguments, une pétition de 200 signatures et sous peine de poursuites).

Enfin, tout ça pour dire que ma jolie fleur ne sera plus désormais, merci quand même Jean Phi, le geste était mignon.

Heureuse de constater que ma formule 1 plait beaucoup... La phrase "Prend ma place, prend mon handicap!" avait tout son sens. Il n'est effectivement pas resté longtemps dessus, même s'il a essayé de faire crisser les pneus en faisant des freins à main, et tout ceci bien sur au pied de mon lit. Admirez son sourire ravi.

Nous avons ensuite décidé d'aller nous promener. Après un petit arrêt au distributeur automatique de boisson, nous avons pris la direction de la plage de l'Almanarre.

Je crois que je n'ai même pas besoin de mettre de mots sur les sensations que j'ai pu éprouver. Sortir du milieu hospitalier, avoir une vue vers l'infini, sentir le vent salé contre ma peau, et prendre un peu de temps avec son fiancé devant un coucher de soleil, ça n'avait pas de prix (pour tout le reste il y a la sécu)

Merci mon nours pour ce moment inoubliable. Je pèse mes mots.